
Les neurosciences : avenir du recrutement ?
Par Frédéric Chomel, Executive Search Partner, le 18 avril 2019
Le journaliste et écrivain français fondateur du Figaro Magazine, Louis Pauwels disait : « L’avenir de l’homme, c’est son cerveau. » À l’heure où les outils digitaux prennent de plus en plus d’importance dans les processus de recrutement, les sciences comportementalistes et les sciences spiritualistes semblent, elles aussi, avoir leur mot à dire.
Accenture s’appuie sur les neurosciences pour recruter
Que cela soit pour mieux comprendre l’aspect psychologique qui est en jeu ou bien d’apporter une autre valeur au métier, les neurosciences pourraient participer sans problème à la réussite d’un recrutement. Pourtant, selon une enquête OASYS, seuls 29% des cabinets de recrutement déclarent réaliser une évaluation de leurs candidats ! Dans ce pourcentage on y retrouve Accenture : après avoir utilisé un « serious game » pour recruter ses juniors, le cabinet de conseil s’est tourné vers une application mobile de préqualification qui s’appuie sur les neurosciences. De cette façon, les compétences des candidats sont évaluées avant de les convier en session de recrutement. Il ne s’agit plus seulement de recruter, mais d’évaluer le candidat sur ses aptitudes intellectuelles, ses capacités d’analyse et de synthèse, mais aussi leur savoir-être ou encore leur maîtrise des langues. Ainsi Accenture considère tous les candidats au-delà de leur formation, une belle façon de lutter contre les discriminations par la même occasion…
Faites jouer vos candidats !
Cette approche ludique, Accenture n’est pas le seul à y avoir pensé. Puisque les recruteurs ont une tendance naturelle à favoriser les cursus ou les expériences venues d’entreprises qu’ils connaissent, trouver des profils différents et compétents doit passer par d’autres canaux, comme le jeu ! C’est en tout cas la promesse faite par la start-up Pymetrics.
Puisque les informations trouvées sur les CV limitent beaucoup la connaissance de la personne qui candidate, les jeux neuroscientifiques accompagnés d’une analyse comportementale vont permettre d’identifier le bon candidat. Et la méthode semble fonctionner ! Loin d’être un simple outil pour « faire joli » ou pour être « à la mode », l’intégration des neurosciences dans le recrutement réduit considérablement la marge d’erreur. C’est de cette façon que la technologie Pymetrics a permis une réduction de 75% du temps d’étude des candidatures, une plus grande diversité des profils et une efficacité supérieure à la moyenne des personnes recrutées selon le cabinet de conseil.
Mieux recruter pour moins se tromper : l’avenir pourrait bien être aux neurosciences !
Cependant ces outils de gaming peuvent être malgré tout limitants et avoir un biais. En effet, basés sur des composantes principalement cognitives et comportementalistes, ils font la part belle aux acquis et aux agissements visibles. En revanche, ils semblent complètement laisser en jachère une autre composante de tout être humain : leur esprit !
Si les neurosciences rassemblent les études scientifiques du système nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement depuis l’échelle moléculaire jusqu’au niveau des organes, comme le cerveau, voire de l’organisme tout entier (selon Wikipédia), « La Neuroscience », elle, y rajoute la dimension spirituelle (au sens esprit). Quand vous voulez recruter des cadres experts, des cadres supérieurs ou des dirigeants, ce sont ces points-là qui comptent le plus !
« La Neuroscience » rajoute la dimension « esprit »
Vous l’aurez compris, puisque les capacités cognitives générales seraient le premier facteur de réussite en poste, les neurosciences ont encore beaucoup de choses à apporter au recrutement. Il s’agit ici de savoir différencier les jeux (gaming) basés sur les neurosciences de la compréhension profonde des modes de pensée des individus fondés sur la neuroscience. Seuls ces modes de pensée, donnent une grande prédictibilité de réussite ou d’échec dans une fonction de cadre. Dans le premier cas quand on veut faire du volume, les jeux basés sur les neurosciences peuvent avoir de l’intérêt. Quand on veut faire du qualitatif, il faut plutôt se tourner vers la deuxième solution.