
Des perspectives en demi-teinte pour le marché des équipementiers automobiles
Le développement des nouvelles mobilités et des technologies de production incite les équipementiers automobiles à investir en R&D. En témoigne l’augmentation du recrutement pour les métiers d’ingénierie. Mais vont-ils résister à la baisse de production qui va toucher le secteur en 2020 ?
L’évolution du mix énergétique et des mutations technologiques bouleverse l’industrie automobile et pousse les équipementiers à investir massivement dans la recherche et développement. Avec le développement de l’électrification, de l’autonomie et de la connectivité des véhicules, le besoin en compétences des équipementiers évolue. Ils doivent ainsi acquérir et renforcer leur expertise en ingénierie dans les domaines du big data, de l’intelligence artificielle, de l’électricité et électronique de puissance, de l’électronique embarquée, la programmation informatique, ou encore la sécurité des données. Côté production, le développement des systèmes automatisés et robotiques transforme les compétences des conducteurs de ligne de fabrication, des techniciens de méthodes et de maintenance.
De l’embauche, mais chez les cadres…
Selon le rapport annuel de la Fédération des industries des équipements pour véhicule (FIEV), les effectifs des équipementiers en France ont progressé de 1 % avec 71 374 personnes employées au 31 décembre 2018, contre 70636 l’année précédente. “Ce maintien est la conséquence de la conjoncture économique qui alimente la croissance des marchés automobiles européens depuis 2014, ainsi qu’aux perspectives de développement qu’offre le déploiement des véhicules autonomes et électriques”, affirme Claude Cham, président de la Fiev. Le recrutement varie cependant selon le domaine de compétence : ainsi, la proportion d’ingénieurs et cadre a augmenté d’un point (49,4 % des effectifs totaux) contre une baisse des agents de maîtrise. Une bascule qui découle des stratégies d’innovation mises en place par les équipementiers. “Dans un contexte où des difficultés de recrutement persistent sur certains profils, l’apprentissage ou la formation en alternance (bac pro, BTS, ingénieurs) restent une solution à favoriser” précise la Fédération des industries des équipements pour véhicules, dans son rapport annuel.
Du côté des fournisseurs spécialisés, la chute du diesel semble quant à elle avoir un impact significatif : l’observatoire de la métallurgie indiquait fin 2018 que 10 000 à 15 000 postes – sur les 37 500 en France – étaient directement menacés. Une difficulté confirmée par la direction générale des entreprises (DGE) qui signalait en juillet avoir recensé 54 entreprises en peine.
Une mutation technologique
Les équipementiers doivent être présents sur l’ensemble des marchés. “Par sa situation géographique privilégiée, la qualité de sa main d’oeuvre et de ses infrastructures, la France est convoitée par les équipementiers internationaux : 130 entreprises étrangères y sont implantées” précise la FIEV. Elles représentent 58 % du chiffre d’affaires du secteur. En octobre 2019, l’Usine Nouvelle annonçait l’entrée d’un nouveau français, le spécialiste des tubes sans soudure en acier Vallourec, dans son classement des 100 plus grands équipementiers automobiles mondiaux (https://www.usinenouvelle.com/article/exclusif-decouvrez-le-top-100-mondial-des-equipementiers-automobiles.N891834), réalisé en exclusivité par le cabinet Roland Berger. “Pour la première fois, deux fabricants de cellules de batteries chinois, Contemporary Amperex Technology (CATL) et Tianneng Power, intègrent eux aussi le bas du tableau” écrit la journaliste Julie Thoin-Bousquié. Une arrivée qui atteste la mutation technologique que connaît l’automobile, avec l’arrivée entre autres du véhicule électrique. Du côté des équipementiers français, Valeo décroche la 11e place, Michelin la 17e, Faurecia la 20e et Plastic Omnium la 33e.
Une baisse de production de 22 %
Malgré une conjoncture économique européenne favorable en 2018, qui a profité aux équipementiers sur le territoire français (les usines françaises ont réalisé un chiffre d’affaires de 18,98 milliards d’euros) les ventes mondiales de voiture ont reculé de 7 % sur les six premiers mois de l’année 2019. En 2018, les équipementiers ont réussi à intégrer les marchés internationaux et diversifier leur portefeuille de clientèle.
Selon les données du cabinet IHS compilées pour les Echos ((https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/la-production-automobile-francaise-va-brutalement-decrocher-en-2020-1122459), les équipementiers vont devoir faire face à une nouvelle turbulence : la production de véhicules en France devrait chuter de 22 % entre 2019 et 2020. Sur une baisse totale de 494 431 véhicules, 355 263 unités concernent une production délocalisée (146 220 peugeot 2008 vers l’Espagne, 98 151 Peugeot 208 vers le Maroc, 69 553 Opel Grandland X vers l’Allemagne et 41 339 Renault Clio vers la Slovénie), 102 002 un recul du marché européen et 371 66 un passage à l’électrique (Smart Fortwo).
“En France, la capacité de recherche et d’innovation ainsi que le savoir-faire technologique des équipementiers constituent plus que jamais un atout. Pour autant, le transfert de la production de certains véhicules vers des sites d’assemblage situés en Europe, peut avoir un impact négatif sur l’activité des équipementiers installés en France. Dans ce contexte, il est indispensable que le site industriel France continue de se spécialiser dans la production d’automobiles disposant d’un haut niveau d’équipements” explique la Fiev. Une fois les épreuves de 2020 passées, la production devrait remonter légèrement autour de deux millions d’unités.